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JUIN 1767.

superstition, la troisième et la quatrième sur les choses incompréhensibles et inadmissibles de l’Ancien et du Nouveau Testament. Tout cela est traité fort superficiellement, et ne consiste qu’en répétitions et redites. L’Église métropolitaine et primatiale des athées de Paris a crié au scandale à propos de la première homélie. Elle a prétendu que le patriarche, avec son rémunérateur et punisseur, n’était qu’un capucin, et que c’était poser les fondements de la morale sur une base bien fragile et bien précaire que de l’établir sur de tels principes, et que l’expérience journalière prouvait combien ces principes avaient peu d’influence réelle sur la conduite des hommes. Il n’appartient pas à un fidèle simple et humble de cœur comme moi de se mêler de ces questions abstraites, et qui font schisme parmi les plus grands docteurs en Israël.

— Il vient de sortir de la même manufacture une autre feuille intitulée Lettres sur les Panégyriques, par Irénée Aléthès, professeur en droit dans le canton d’Uri, en Suisse. Nous vivons dans la plus grande disette de toutes ces précieuses denrées, et la liberté du commerce est si gênée à cet égard, depuis quelques années, que cette branche intéressante pour tous les philosophes négociants sera bientôt absolument anéantie. À peine arrive-t-il un ou deux de ces écrits à bon port ; le reste est confisqué à la poste ou aux barrières, et il serait impossible de persuader au possesseur d’un exemplaire échappé de s’en déssaisir. La lettre dont il s’agit parle d’abord du panégyrique de Trajan, prononcé par Pline, ensuite de nos oraisons funèbres, et particulièrement de celles de Bossuet, et elle finit par une esquisse du panégyrique de Catherine II, impératrice de Russie. M. Irénée Alèthés parcourt rapidement les travaux de cette princesse, entrepris depuis son avènement à l’empire ; il parle de ses principes de législation, de ses idées de tolérance, de sa protection accordée aux dissidents de Pologne, de ses bienfaits répandus au dehors. M. Irénée pourra citer à cette occasion un don de cinquante mille livres fait en cette année 1767 à M. Diderot, sans compter celui de l’année 1765. Les gazettes qui ont dit vingt-cinq mille livres n’ont rapporté que la moitie de la somme.

M. de Saint-Foix, auteur des Essais historiques sur Paris, de la petite comédie des Grâces, de celle de l’Oracle, et d’au-