Qui vont de tréteaux en tréteaux
Chercher du pain en contant des sornettes ;
Enfin, à tous nos commensaux,
Aux diseurs, de bonne aventure,
Salut. Aprfes avoir entendu la lecture,
Faite aujourd’hui dans notre comité,
D’un règlement nouvellement porté
Par les deux directeurs aussi zélés que sages
D’un spectacle fameux où l’on parle en chantant,
Et voulant rétablir les antiques usages,
Nous avons cru devoir en faire autant
Pour le bien du public et surtout pour le nôtre.
Car c’est un point arrêté parmi nous
Que toujours l’un marchera devant l’autre :
En nous déshonorant nous devons gagner tous.
Comme sous-directeurs, tyrans de nos confrères,
Nous avons su nous arroger des droits ;
En dépit d’eux nous faisons leurs affaires,
En dépit d’eux nous leur donnons des lois.
Tous ces acteurs sifflés dont le public se lasse,
L’inutile Paulin, l’automate Belmont,
La Chassaigne#1, Bouret le ridicule,
Feuilly#2, mais Pin surtout : il est riche, dit-on,
Et ce motif lui seul vaudrait l’exclusion.
Désirant cependant nous ôter tout scrupule,
Et voulant que chacun vive de son métier,
Par le présent arrêt ordonnons au caissier
D’entretenir un mois la troupe consternée.
Chaque acteur recevra trente sols par journée,
Les femmes rien ; elles ont des secours
Qui dans Paris réussissent toujours.
Nous renverrions aussi le pesant Bonneval :
Il ricane toujours et tombe dans l’enfance,
Ainsi que notre ami Grandval.