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JUILLET 1767.

qu’il est défunt, sans avoir vécu peut-être, ne pouvant répondre à M. l’abbé Larcher qui est un gaillard bien vivant, son brave et courageux neveu, éditeur dudit ouvrage, s’est montré tout de suite pour le défendre, et la manufacture de Ferney vient de mettre en lumière un volume de cent trente-six pages in-8°, intitulé la Défense de mon oncle.

Je fais une grande différence entre les Honnêtetés littéraires, où il n’y a pas le mot pour rire et où l’auteur rendait injures pour injures, et la Défense de mon oncle, où l’on étouffe de rire à chaque page. Il est impossible de rien lire de plus gai, de plus fou, de plus sage, de plus érudit, de plus philosophique, de plus profond, de plus puissant que cette Défense, et il faut convenir qu’un jeune homme de soixante-treize ans comme notre neveu, sujet à ces saillies de jeunesse, est un rare phénomène. On trouve de tout dans la Défense de son oncle : depuis Sanchoniathon, Moïse et Confutzée, jusqu’au R. P. de Marsy et au R. P. Fréron, chassés des jésuites pour leurs fredaines, personne n’est oublié ; depuis le Pentateuque jusqu’à l’impertinent Examen de Bélisaire, par le petit abbé Cogé, tout est passé en revue. Le neveu Bazin, qui a voyagé avec son oncle par toute l’Europe, l’Asie et l’Afrique, et à qui il ne reste plus qu’un voyage en Amérique à faire, prie son lecteur de jeter des yeux attentifs sur la table des chapitres de la Défense de son oncle, et d’y choisir le sujet qui sera le plus de son goût. C’est ce que je vais faire, et comme les saillies du neveu sont entremêlées de choses assez sérieuses de l’oncle, je me permettrai par-ci par-là de courtes représentations.

Dans l’exorde, le neveu convient que feu M. l’abbé Bazin était un peu railleur, et qu’il se moquait de M. de Guignes, de l’Académie des inscriptions, qui voulait à toute force faire descendre les Chinois des Éyptiens. J’ai toujours été de l’avis de feu M. l’abbé Bazin sur ce point. Je pense comme lui que les lieux hauts ont dû être habités avant les lieux bas, et l’on sait que l’Égypte, presque toujours inondée, est une des contrées les plus basses de l’ancien monde. Je suis encore de l’avis de M. l’abbé Bazin sur le génie des Égyptiens : je n’en fais pas grand cas ; mais cela n’empêche pas, et c’est ou je m’éloigne de M. Bazin, que les Grecs n’aient eu grande raison d’aller étudier en Égypte, et d’y déterrer des connaissances très-pré-