lieues à la ronde ont assisté à un bal champêtre qui fut donné de nuit sur la grande esplanade qui se trouve devant les superbes écuries de Chantilly. Cette esplanade était magnifiquement illuminée ; on y avait dressé un grand nombre de tentes. Les paysans et paysannes avaient tous reçu des habits de bazin blanc ornés de rubans. Le prince dansait indistinctement avec les dames et les paysannes. Voici des couplets adressés à M. de Pont-de-Vesle, qu’un nain de douze ans, habillé en Amour et renfermé dans un ananas, à chanté pendant le dessert du souper qui a terminé ces fêtes.
Sous différents traits tour à tour
J’ai paru pour vous plaire ;
Mais à vos regards en ce jour
Je m’offre sans mystère :
Reconnaissez en moi l’Amour
Qui cherche ici sa mère.
Mais dans mon cœur en ce moment
Je sens un trouble naître ;
Ici chaque objet est charmant ;
Ah ! que le tour est traître !
Maman ! Maman ! Maman ! Maman !
Comment vous reconnaître ?
Vous refusez de m’éclaircir,
De me tracer mes routes ;
Chacun aime à me voir souffrir,
Vous riez de mes doutes !
Eh bien ! je vais vous en punir,
En vous adoptant toutes.
Par les talents unis à la décence
Tu te fais respecter et chérir tour à tour ;
Si tu souris comme l’Amour,
Tu parles comme l’innocence.