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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

la protection immédiate du gouvernement fut fait d’une manière aussi ridicule et aussi impertinente. On a, depuis la mort de cet imbécile, réuni toute la composition du Mercure sous M. de La Place, qui ne sera ridicule qu’à force d’être plat.

— Il nous revient encore quelques fragments de la fête de Saint-François, célébrée à Ferney à l’honneur du seigneur châtelain et patriarche ; et d’abord il faut lire les vers de M. de La Harpe, qui ne sont pas ce qu’il a fait de mieux dans sa vie.

VERS À M. DE VOLTAIRE,

par M. de la Harpe

François d’Assise fut un gueux
Et fondateur de gueuserie :
Aussi ses enfants n’ont pour eux
Que la crasse et l’hypocrisie.
François, qui de Sales eut le nom,
Trichait au piquet, nous dit-on ;
D’un saint zèle sentit les flammes,
Et vainquit celles de la chair ;
Convertit quatre-vingt mille âmes
Dans un pays presque désert.
Ces pieux fous que Rome admire,
Je les donne au diable tous deux,
Et je ne place dans les cieux
Que le Français qui fit Zaïre.

REPONSE DE M. DE VOLTAIRE

à ces vers et à ceux de M. chabanon.

Ils ont berné mon capuchon,
Rien n’est si gai ni si coupable :
Qui sont donc ces enfants du diable ?
Disait saint François, mon patron.
— C’est La Harpe, c’est Chabanon.
Ce couple agréable et fripon
À Vénus vola sa ceinture.
La lyre au divin Apollon,
Et ses pinceaux a la nature.
— Je le crois, dit le penaillon :
Car plus d’une fille m’assure
Qu’ils ont aussi pris mon cordon.