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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

Trémouille, prince de Tarente. Ils sont écrits par lui-même, et l’éditeur a mis à leur suite des notes historiques et critiques qui sont d’un assez bon esprit, et qui servent à éclaircir ou à rectifier quelques endroits de ces mémoires. Le prince de Tarente suivit la fortune du grand Condé dans ses démêlés avec le cardinal de Mazarin et dans la guerre civile qui s’ensuivit. Il fit sa paix un peu avant celle de M. le Prince, revint en France, remua et cabala toute sa vie, mais ce n’était pas un homme de grand caractère, ni capable de jouer un grand rôle dans un parti. Il avait plus de besoin que de talent de se faire remarquer. Lorsqu’il fut au bout de son rôle, il abjura la religion réformée, dans laquelle il était né. Les raisons qu’il donne de ce changement, dans ses Mémoires, sont bien plates, il mourut deux ans après, en 1672, dans la cinquante-deuxième année de son âge. Ses mémoires sont écrits naturellement et facilement.

Le second volume est intitulé Mémoires de Tancrède de Rohan, avec quelques autres pièces concernant l’Histoire de France et l’Histoire romaine. Les Mémoires de Tancrède de Rohan sont curieux et intéressants. On y voit les raisons qui engagèrent son père et sa mère à cacher sa naissance, et a l’envoyer élever en Hollande. Sa sœur, en attendant, avait épousé M. de Chabot, et trouva, après la mort de son père, moyen de faire enlever son frère et de le traiter en enfant supposé et en imposteur. Son crédit à la cour et la faveur dont elle jouissait à titre de sa conversion l’emportèrent sur la justice et sur la nature. Tancrède, n’ayant pour lui que sa mère et son droit, perdit son procès au parlement de Paris. Il fut tué peu après dans les troubles de la Fronde à la fleur de l’âge ; ce qui mit fin à un procès qui devait recommencer, et tous les biens de la maison de Rohan passèrent dans la maison de Chabot. C’est d’où nous vient la branche des ducs de Rohan-Chabot, qu’on distingue de celle de Rohan-Rohan et des autres branches de Rohan. Tancrède mourut le 1er février 1649, à l’âge de dix-neuf ans.

On lit après ces Mémoires de courtes Remarques sur la naissance de Henri II, prince de Condé. C’est lui qui naquit posthume en 1588. Le but de l’auteur est de prouver la légitimité de sa naissance, fortement contestée par ses contemporains et surtout par les écrivains protestants. L’auteur de ces remarques