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NOVEMBRE 1767.

fait si bien qu’en voulant ne vous laisser aucun doute sur la légitimité de ce prince, il vous donne de forts soupçons contre elle. Au reste, nos lois sont très-sages à cet égard. L’état d’un enfant doit être inattaquable, quelques présomptions et quelques vraisemblances qu’on puisse avoir contre lui. Il n’est pas égal pour les mœurs qu’une femme fasse présent à son mari d’enfants qui ne sont pas à lui, mais c’est un très-petit mal en politique ; et, en fait de législation, il est surtout essentiel que les contestations d’état soient rares et réussissent difficilement.

Le morceau qui suit est une Histoire des négociations secrètes de la France avec la Hollande qui précédèrent le traité d’Utrecht, tirée des pièces originales, pour servir d’introduction et de supplément aux Mémoires de M. de Torcy. Ce morceau est peu de chose, et n’apprend rien de nouveau qui soit bien important ou bien curieux.

Les Observations sur les troubles de la Régence pendant la minorité de Louis XIV, qu’on lit ensuite, sont aussi très-peu de chose. L’auteur y regrette à tout instant que Mazarin n’ait pas su exercer les actes de sévérité de son prédécesseur, le cardinal de Richelieu. Il est certain que celui-ci n’aurait pas manqué de faire abattre la tête du grand Condé sur un échafaud ; et voilà, sans doute, ce que notre auteur regrette. Je ne conçois pas comment un homme, qui n’a pas une âme de fer, se permette d’écrire de sang-froid de semblables atrocités. Celui-ci ne sait pas que le supplice d’un seul homme peut être une plus grande calamité pour l’humanité que la mort de quelques milliers qui périssent un jour de bataille. D’ailleurs, entre la souplesse timide de Mazarin et la férocité inflexible de Richelieu n’y avait-il pas un très-beau milieu à désirer, savoir la fermeté sans faiblesse et sans cruauté ?

Les deux derniers morceaux de ce volume sont des Recherches sur les finances des Romains et un autre sur les Guerres civiles romaines. Ces deux derniers morceaux sont intéressants et agréables à lire.

On dit que ces deux volumes nous viennent du P. Griffet, jésuite, qui, après les malheurs de la Société, s’est retiré dans les Pays-Bas. Il passait en France pour un des gros bonnets de l’ordre et pour un des plus dangereux et des plus passionnés. En ce cas, le malheur lui a fait du bien, car, dans ces deux