Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
478
CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

volumes, si vous exceptez le morceau sur les troubles de la Fronde, on remarque un esprit assez sage et impartial. C’est ce P. Griffet qui a soigné la dernière édition de l’Histoire de France, par le P. Daniel, et qui y a ajouté l’Hisloire du règne de Louis XIII. Les deux volumes de Mémoires dont il est question dans cet article forment un livre de bibliothèque qui mérite d’être conservé.

— La veuve Duchesne vient de faire mettre en vente le Dictionnaire de Musique de Jean-Jacques Rousseau, qu’on attendait depuis plusieurs années. C’est un volume in-4° de cinq cent cinquante pages. M. Rousseau, ayant été chargé de faire la partie musicale pour l’Encyclopédie, la fit vite et mal, à ce qu’il prétend, parce qu’on ne lui avait accordé que trois mois pour ce travail. À mesure que les volumes de l’Encyclopédie paraissaient, il relut ses articles, les reprit en sous-œuvre, et c’est ce nouveau travail qui a formé le dictionnaire qui vient de paraître. M. Rousseau en juge très-bien dans sa préface. Il prétend que cet ouvrage n’est pas trop bon, mais qu’il peut servir à en faire un meilleur. En général, vous trouverez ce dictionnaire pauvre ; mais, tel qu’il est, c’est le seul que nous ayons, et l’on y rencontre de bonnes choses. M. Rousseau a adopté le système de Rameau sur la base fondamentale. Il dit qu’il ne le trouve pas bon, mais que c’est un hommage qu’il a voulu rendre à la nation française. Voilà une plaisante manière de rendre hommage à une nation que de consacrer le radotage d’un de ses artistes ! Le fait est que M. Rousseau, n’ayant étudié la musique qu’en France et d’après les principes de Rameau, n’aurait pu leur substituer un autre système ; mais s’il avait appris la musique dans quelque Conservatoire d’Italie, il aurait connu d’autres procédés, et il aurait su pourquoi il a raison de se moquer du système de Rameau. Au reste, ce dictionnaire ne manque pas de sarcasmes contre la musique française. Les articles qui traitent de la poétique de l’art musical ne sont pas mieux étoffés que les articles de théorie. On a cité celui de Génie comme un beau morceau d’éloquence. Je dis qu’il y a là une belle suite de mots sonores et ronflants, mais sans idées, et que tout ce fastueux verbiage couvre un lieu commun. L’article Copiste est fort long. L’auteur, ayant quelque temps exercé cette profession à Paris, a voulu en développer ici toutes les difficultés. « Je