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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

que trois ou quatre moines. En les réunissant à des couvents plus nombreux, on espère prévenir une foule d’abus. On dit aussi que l’âge où il sera permis de prononcer ses vœux sera désormais fixé, pour les femmes à dix-huit ans, et pour les hommes à vingt et un. N’admirez-vous pas cet effort de sagesse, supposé encore qu’il ait lieu, tandis que dans la moitié de l’Europe on a résolu, depuis deux cents ans, le problème de la nécessité des moines de manière qu’il n’en reste plus aucune trace ? Cependant nos hommes profonds disent que, si ce règlement a lieu, ce sera un grand pas de fait. Un grand pas de tortue, sans doute ? Je prévois que les pas de Pologne, grâce aux tambours de Russie, auront le pas sur les pas de France. En attendant, l’objet de la réforme monastique autorisera une demi-douzaine de prélats à rouler sur le pavé de Paris, et à ne pas résider dans leur diocèse ; et cela fait toujours plaisir. Ceux qui ont le courage de lire les discussions ennuyeuses que cette commission a occasionnées, doivent commencer par le Cas de conscience sur la commission établie pour réformer les corps réguliers. Écrit de soixante-douze pages in-12, qui est resté fort rare, et dans lequel on conteste à nos seigneurs les archevêques commis leur compétence, et l’on prouve que les religieux ne sont pas obligés de leur obéir en ce qu’ils pourront ordonner à leur égard, le pape seul en ayant une autorité suffisante. M. l’archevêque de Toulouse a fait combattre ces principes dans une lettre de cent quarante-huit pages, À l’Auteur du Cas de conscience. Il a paru aussi des Lettres d’un religieux à son supérieur général sur la réforme des communautés religieuses. L’Examen philosophique de la règle de saint Benoît est resté rare, et je ne l’ai pas vu. Nous mettons aujourd’hui du philosophique à tout, et cela suffit pour donner de la vogue et pour exercer la vigilance de la police. Je ne dis pas qu’en examinant saint Benoît et son siècle philosophiquement on ne puisse faire un ouvrage très-philosophique.

— Je ne sais quel est le cuistre à qui nous devons le Dictionnaire antiphilosophique pour servir de commentaire et de correctif au Dictionnaire philosophique et autres livres qui ont paru de nos jours contre le christianisme[1]. C’est un gros vol-

  1. Par Chaudon. Plusieurs fois réimprimé.