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DÉCEMBRE 1767.

fait envisager comme une action sage et heureuse. Pas un qui ait osé élever sa voix pour déplorer avec force la barbarie d’une nation ou un roi ne peut se défaire d’un mauvais citoyen et d’un sujet rebelle qu’en le faisant lâchement assassiner au milieu de la rue, et où l’auteur de ce meurtre est regardé comme un héros et non comme un bourreau. Si MM. les Quarante ne savent pas proposer d’autres sujets à notre vénération, j’opine pour qu’ils partagent le gâteau de la Sorbonne par moitié.

— On a traduit de l’anglais de M. Walsh un Discours sur les femmes, adressé à Eugénie, suivi d’un dialogue philosophique et moral sur le bonheur. J’aime mieux ce dernier morceau, qui tend à prouver que l’état et la profession sont indifférents au bonheur, que le premier. Dans celui-ci, l’auteur, à qui Eugénie avait imposé la loi de lui dire son sentiment sur les femmes en général, prend le parti de lui rendre compte d’une conversation entre Misogyne et Philogyne, dont il a été témoin. Ces noms, qui sont de mauvais goût, mais conformes à la manière anglaise, signifient, l’un, l’ennemi des femmes, l’autre, l’ami des femmes. En conséquence, le premier fait la satire, et le second l’éloge du beau sexe. Cela n’est pas fait sans quelque agrément ; mais, au fond, c’est un amas de lieux communs qui ne font rien penser. Il y a loin des agréments et de la légèreté de M. Walsh à la grâce, à la finesse, aux agréments de M. de Voltaire. Le nom de Walsh n’est pas inconnu dans la littérature anglaise. Son traducteur, qui ne s’est pas nommé, a donné un petit précis de sa vie dans la préface. Il y a déjà quelques années qu’on a traduit de cet auteur une autre production, intitulée l’Hôpital des fous.


15 décembre 1767.

Depuis que le gouvernement a nommé une commission composée de cinq archevêques, si je ne me trompe, et de quelques conseillers d’État, ayant pour procureur général Mgr l’archevêque de Toulouse, et pour but la réformation des abus qui se sont glissés dans les ordres monastiques, nous n’avons pas manqué de brochures à ce sujet. Jusqu’à présent il n’a été question que de l’extinction des maisons et couvents où il n’y a