Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/99

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même effet que la cinquième roue à un carrosse ; il a fait naître dans la métaphysique un jargon inintelligible et vide de sens. Ce que M.  de Montesquieu et M.  d’Alembert ont écrit sur le goût a été inséré dans l’Encyclopédie. Je ne sais si le morceau de M.  de Voltaire qui a été fait pour le même ouvrage y est. Si je ne me trompe, il arriva trop tard et ne put y trouver sa place. L’auteur l’a fait insérer depuis dans ses Mélanges avec d’autres articles faits pour l’Encyclopédie. M. Eidous, n’ayant pu trouver ce morceau en original, a pris le parti de le retraduire de l’anglais en français. Cela est très‑curieux à lire et à comparer avec l’écrit de M.  de Voltaire. Vous verrez comme cet écrivain si séduisant, si plein de grâce, de précision, d’élégance, est devenu, sous la plume de M.  Eidous, lâche, embarrassé, incorrect et barbare. Il est très-plaisant que M.  Eidous ait trouvé plus court de retraduire M.  de Voltaire, plutôt que de chercher dans ses œuvres le morceau dont il avait besoin ; il est très-plaisant aussi qu’à la tête d’un écrit rempli de fautes et de constructions vicieuses, il ait osé mettre le nom du plus illustre écrivain de France.

M.  de Bastide, aussi mauvais sujet que mauvais auteur, a été obligé, par suite de mauvaise conduite, de quitter la France et de chercher un asile en Hollande. Il vient d’y faire imprimer sa comédie du Jeune homme, que j’ai vu expirer à la fleur de son âge, au milieu du troisième acte, sur le théâtre de la Comédie-Française. Un éternument terrible partit d’une loge et mit le Jeune homme au tombeau. L’auteur a mis à la suite de cette mauvaise pièce des mémoires apologétiques de sa conduite ; mais on n’a pas été plus curieux de lire son apologie que sa comédie.

— On nous a envoyé de Hollande aussi une pièce intitulée l’Hommage du cœur, fête théâtrale à l’occasion de la majorté du prince-stadthouder. Ces pièces sont en possession d’être froides et insipides, et l’auteur de celle-ci, M.  Croisier, a voulu jouir de ses droits dans toute leur étendue.