Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 8.djvu/494

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Vergy : les fureurs de Fayel seront alors de foi, et tout sera bien.

VERS DE M. SAURIN À M. DE VOLTAIRE.
SUR SA DIGNITÉ DE PÈRE TEMPOREL DES CAPUCINS,

Qui lui fait signer ses lettres du titre pompeux de capucin indigne.

AttendTu viens de prendre la besace
AttendEt le cordon de saint François ;
AttendVertu de froc ! Frère Pancrace,
AttendNous allons voir de tes exploits.
AttendPar la grâce du saint capuce
AttendTu seras près de la sœur Luce,
AttendAussi jeune qu’en tes écrits,
AttendEn tes écrits, que tout Paris
Attend, comme au désert, le peuple sans prépuce,
AttendLe fameux peuple d’Israël,
AttendAttendait la manne du ciel.
Mais n’aurais-tu suivi qu’une ambition folle ?
Aux lauriers immortels dont il a le front ceint,
Voltaire voudrait-il joindre encor l’auréole,
Et, grand homme en ce monde, être dans l’autre un saint ?
AttendSi c’est ton projet, tu t’abuses :
AttendCapucin tant qu’il vous plaira,
AttendVoltaire jamais ne sera
AttendDe ces gens qu’on invoquera,
AttendSi ce n’est au temple des Muses,
AttendOù plus d’un autel il aura.


RÉPONSE DE M. DE VOLTAIRE[1].

Il est vrai, je suis capucin,
C’est sur quoi mon salut se fonde ;
Je ne veux pas, dans mon déclin,
Finir comme les gens du monde.

Mon malheur est de n’avoir plus
Dans mes nuits ces bonnes fortunes,
Ces nobles grâces des élus,
À mes confrères si communes.

Je ne suis point frère Frappart,
Confessant sœur Luce et sœur Nice ;

  1. Ces vers sont imprimés dans les ŒEuvres complètes de Voltaire, mais on les a conservés ici pour l’intelligence des anecdotes que M. le baron de Grimm y a jointes. (Premiers éditeurs.)