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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/105

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que la seconde partie est sûrement plus grande en moi que la première ne l’est en vous, et que parmi les personnes plus intimement liées entre elles que je n’ai le bonheur de l’être avec vous, la seconde partie diminue à mesure que la première augmente. Il faut aussi que vous sachiez qu’on ne sent pas communément la seconde partie quand la première n’a pas lieu. Il faut cependant excepter un petit nombre de personnes dont l’attachement est si fort au-dessus du préjugé que, quoique ennemis jurés de cette première partie, vous pourriez faire naître en eux la seconde, pour peu que vous voulussiez vous y prêter, quand même vous n’auriez pas la première. C’est un mérite bien rare parmi les personnes qui possèdent cette première partie.

« Vous serez peut-être fâchée contre moi, madame, si vous devinez le mot de mon logogriphe : cette première partie, qui fait toute mon ambition, le rend bien facile ; mais j’espère que votre colère n’aura plus lieu lorsque vous voudrez bien vous rappeler que mon respect et mon tendre attachement méritent quelque compassion. »

Et moi, après avoir transcrit cette charade monstrueuse et m’être rendu complice du crime de l’auteur, qu’ai-je à espérer ? et que deviendrais-je si ces feuilles tombaient entre les mains de quelques dames, et qu’elles entrevissent seulement le mot de la charade ? Aurais-je bonne grâce à rejeter ma faute irréparable sur mon étourderie, et serais-je sûr du pardon dont mon complice d’auteur se passe ? Je regarde ma faute comme irréparable, parce qu’enfin quod scripsi, scripsi, ce que j’ai écrit est écrit, comme disait cet autre, et je suis obligé de convenir avec lui que ce que j’ai transcrit est transcrit. À quoi sert un repentir qui ne remédie à rien ? il ne saurait affaiblir l’effet de mon imprudence. Le meilleur parti que je puisse prendre dans cette extrémité, c’est de m’en remettre à la clémence des dames, supposé que cette charade tombe entre leurs mains par ma faute, et de les supplier de vouloir bien ne pas deviner le mot de cette monstruosité : or, pour m’accorder ma prière, il est essentiel de ne pas faire attention au dernier mot de la charade, car ce dernier mot pourrait bien être le mot de la charade, malgré les difficultés de quelques grammairiens rigides sur je