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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/132

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une épouse infidèle qui se joue de la jalousie et de la crédulité de son mari avec autant d’intrépidité que d’impudence : M. Sedaine s’est bien gardé de faire ressembler Mme de Clinville à ce modèle ; la sûreté de son goût l’a rapproché du poète arabe sans le savoir, et sans le connaître. Nos faiseurs d’opéras-comiques devraient lire ces Mélanges, ils y trouveraient une infinité de petits sujets qui pourraient être traités avec succès sur le théâtre de leur gloire.


OCTOBRE.

1er octobre 1770.

L’Académie française tint, le 6 du mois dernier, une séance publique dans laquelle M. de Brienne, archevêque de Toulouse, prononça son discours de réception. Le prince Charles, second fils de Leurs Majestés suédoises, grand-amiral de Suède, honora cette assemblée de sa présence.

Ce prince nous a quittés peu de jours après. Il a passé environ trois semaines dans cette capitale et comme on soupe et danse à peu près de même dans tous les pays policés, il n’a pas voulu se prêter aux bals et aux soupers ; mais il a employé ce court espace à voir les choses les plus remarquables, et à faire connaissance avec quelques gens de lettres et quelques artistes. Deux Suédois, membres de notre Académie royale de peinture, ont eu l’honneur de faire le portrait de ce prince : Roslin, en grand et à l’huile ; Hall, en miniature. Ce dernier portrait m’a paru un chef-d’œuvre.

Il faut se rappeler que deux jours après la réception de M. de Saint-Lambert, M. l’archevêque de Toulouse avait été élu à la place vacante par la mort de M. le duc de Villars. L’éloge de cet académicien, décédé dans son gouvernement de Provence, n’était pas aisé à faire. Il portait un nom que son père avait rendu illustre. Le maréchal de Villars n’était pas un grand homme, car jamais la petite jactance dont il était possédé n’entra dans l’âme d’un héros ; mais enfin, après que la dévote Maintenon eut éloigné du commandement des armées le maréchal