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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/205

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aussi mal faites. Lorsqu’on voit donc dans nos journaux l’annonce de quelque compilation sous le titre de dictionnaires, d’abrégés, de manuels, d’esprit d’un auteur, on peut compter hardiment que c’est de la marchandise gâtée et exposée par des corsaires de libraires ou par des écumeurs littéraires, dans la vue d’attraper le public. Si, dans tout cet indigne fatras, il paraît jamais quelque compilation utile et faite avec soin, je me réserve de lui rendre, dans ces feuilles, la justice qui lui est due ; mais j’en exclus pour toujours les rapsodistes, sous quelque forme qu’ils entreprennent de se montrer.

— Les circonstances où se trouvent le royaume et la république de Pologne n’ont pas dû échapper à la spéculation des compilateurs. On vient de publier un État de la Pologne, avec un abrégé de son droit public, et les nouvelles constitutions ; volume in-12 d’environ trois cents pages. La plus grande partie de cet ouvrage a déjà paru en Allemagne il y a quelques années[1]. On y trouve d’abord un précis géographique du royaume, ensuite une esquisse de son droit public ; enfin, les pacta conventa du roi actuellement régnant, et le précis de ce qui s’est passé dans la diète extraordinaire de 1767.

Il a paru encore un autre ouvrage sur la Pologne, intitulé Lettres sur la constitution actuelle de la Pologne, et la tenue de ses diètes : volume in-12 assez considérable. Ces lettres contiennent d’abord l’histoire et le panégyrique de l’auteur, M. le chevalier Pyrrhys de Varille, gentilhomme provençal, qui a obtenu les honneurs de l’indigénat à la diète de couronnement du roi Stanislas-Auguste. M. l’indigène rend compte lui-même de tout ce qu’il a éprouvé à ce sujet, dans une lettre pompeusement écrite à son compatriote M. Marin, qui, après avoir été corsaire dans les mers du Levant pendant sa jeunesse, s’est fait, à Paris, dans un âge plus mûr, censeur de la police, ou surintendant des corsaires de la littérature ; il n’a pas mal conservé le ton, les manières et les mœurs d’un inspecteur de chiourme. Quant à son illustre ami M. Pyrrhys, il aime un peu

  1. Grimm a raison de faire observer que la plus grande partie de l’ouvrage sur l’État de la Pologne, 1770, in-12, avait déjà paru en Allemagne. En effet, ce volume est composé principalement des Mémoires sur le gouvernement de la Pologne, publié en 1759 par le célèbre publiciste Pfeffel. La préface de la nouvelle édition est de feu M. Hérissant. (B.)