Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parfaitement guéri. Il fit part de sa découverte au chirurgien-major de son régiment, qui, sans croire à son efficacité, voulut en faire l’essai sur un soldat qui se mourait à l’hôpital de la pulmonie la plus décidée. Après l’avoir fait transporter chez lui, il lui fit subir de quatre heures en quatre heures la fumigation proportionnée pour la force de la fumée aux forces du malade, qui, étant très-faible, aurait pu être suffoqué par une fumée trop forte. Dès le second jour la toux du malade prit un autre caractère, et en six semaines il se trouva parfaitement rétabli.

Et sur ce, dit Rabelais, tenez-vous en joie et buvez frais.

— Il vient de paraître une très-belle carte du royaume de Naples en quatre feuilles. Cette carte a été exécutée avec le plus grand soin par ordre du ministère de Naples, sous la direction de M. l’abbé Galiani, et quoiqu’il ait été rappelé dans sa patrie avant qu’elle ait pu être achevée, il a pris en partant des mesures pour assurer le succès de cette entreprise dont il s’était fait un point d’honneur qui ne pouvait que tourner au profit de l’ouvrage. Cette carte se distinguera donc très-avantageusement de cette foule de mauvaises cartes dont les géographes de Paris inondent l’Europe. Ils sont tous, depuis M. de Cassini de Thury jusqu’à M. Le Rouge, du quai des Morfondus inclusivement, des charlatans sans honneur et sans probité, indignes de délier les souliers à M. d’Anville, l’unique géographe qui nous reste.


15 janvier 1771.

On peut se rappeler une aventure rapportée il y a quelques années dans les papiers anglais. Deux hommes, ennuyés de vivre, prirent la résolution de se noyer. Le hasard voulut que, sans se connaître, ils choisirent le même lieu et le même moment pour exécuter leur dessein ; ils se rencontrèrent nez à nez sur le pont de Westminster, d’où ils devaient se précipiter dans la Tamise. Des motifs bien différents les avaient conduits à ce parti extrême. L’un, né avec une grande fortune, avait joui de tous les plaisirs avec satiété ; il était blasé, et, ne trouvant plus de ressort dans son âme, il s’était déterminé à mettre fin à une existence pénible et incommode. L’autre, sans bien, s’était appliqué au commerce avec une ardeur infatigable, et