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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/261

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Bruyère de notre siècle cherche à nous faire connaître l’homme des champs, l’homme plus près de nature, l’homme ne reconnaissant pas les vérités révélées du code de la chasse ni la loi fondamentale qui réserve aux bêtes fauves le privilège d’être mises à mort par des chiens et des chasseurs d’extraction noble. Si j’étais le La Bruyère du xviiie siècle, je surveillerais mes braconniers et me garderais bien de divulguer les secrets de leur métier, de peur d’en multiplier l’espèce. Mais c’est peut-être le but de son ouvrage : en effet, plus il y aura de braconniers, plus il faudra de gardes-chasses, et ces deux métiers se touchent plus qu’on ne pense.

Les Militaires au delà du Gange, par M. de Lo-Looz, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis ; 2 vol.  in-8o. Vous ne vous douteriez guère que sous ce titre on vous offre un ouvrage de tactique et un roman à la fois ; vous ne comptiez pas qu’un ouvrage destiné à vous enseigner les principes de l’art meurtrier de la guerre vous ferait verser des larmes de tendresse. Que deviendrez-vous donc lorsque vous aurez fait connaissance avec la tendre et généreuse Mirza, qui suit son cher Astof dans les batailles, qui y est blessée, mais qui heureusement n’en meurt pas ? Vous pleurerez sur Mirza, sur Astof, sur M. de Lo-Looz, sur vous, sur votre temps.

Les Étrennes de la noblesse, ou État actuel des familles nobles de France, des maisons et princes souverains de l’Europe pour l’année 1771, seraient un livret fort commode s’il n’était pas défiguré par un grand nombre de fautes et de négligences[1].


AUTRE ÉPITRE DU CHARMANT ABBÉ NAPOLITAIN.
« De Gênes, le 2 octobre 1769.

« Voilà qui est bien, madame ; il faut toujours écrire, même lorsqu’il n’y a rien à dire ; je vous répondrai de même lorsque je n’aurai rien à vous mander, et cela fera une correspondance très-intéressante à la fin. Je compte partir d’ici dans sept ou huit jours, si rien n’arrive, comme il n’y a pas d’apparence, et je serai à Naples à la Toussaint. Le ciel l’ordonne ainsi, et tous

  1. Les Étrennes de la noblesse, qui parurent jusqu’en 1781, étaient rédigées par La Chesnaye des Bois. Elles formaient le complément du Calendrier des princes du même auteur.