Aller au contenu

Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sainte-Toleranski, village de Lithuanie, le jour de Sainte-Épiphanie. Ce sermon, qui n’a que huit pages, tend à prouver aux confédérés polonais combien leur conduite est antichrétienne, absurde et atroce ; il est écrit avec la gaieté ordinaire, et d’ailleurs très-digne de l’église où il a été prêché et de son charitable auteur Charisteski. On dit que l’apôtre gaulois Rulhière, qui a composé avec tant de hardiesse un roman sur la dernière révolution de Russie, s’occupe actuellement d’une espèce de manifeste historique qu’il compte publier sur l’élection du roi de Pologne et sur les manèges de la cour de Pétersbourg dans les affaires de ce royaume. Cet ouvrage, entrepris par ordre et avec les secours de M. le duc de Choiseul, dans le temps qu’il était encore ministre, combattra tout juste les principes avancés par le bon papas Nicolas Charisteski ; mais je crois que ni le papas Charisteski ni le papas Rulhière n’auront voix au chapitre dans le concile qui décidera des affaires de Pologne ; que le papas Salderne, le papas Orlow, le papas Romanzow, y seront consultés de préférence, et que tout s’arrangera au gré des prélats prussiens, autrichiens et russes, inspirés par le Saint-Esprit, qui procédera ou ne procédera pas, comme il plaira à leurs dites Éminences, et qui se moquera sûrement des raisonnements du R. P. Rulhière et de tous les prestolets de l’Église latine occidentale.

Il est vraisemblable que ce sont ces essais historiques ou romanesques sur les affaires de Pologne, et sur la révolution qui a placé Catherine II sur le trône de Russie, dont la lecture a déterminé Sa Majesté suédoise, pendant son séjour à Paris, à nommer M. Rulhière historiographe de Suède avec pension. On prétend que ce poëte ira dans quelque temps d’ici en Suède, fouiller les archives et ramasser les matériaux pour écrire un des morceaux les plus intéressants et les plus brillants que l’histoire moderne puisse offrir à un grand écrivain.

Avant la nouvelle de la mort du roi son père, Gustave se proposait de faire un pèlerinage à Ferney, pour y vénérer face à face le saint que l’Europe révère. Gustave eut la générosité un jour à table de défendre vivement ce saint contre M. le maréchal de Broglie, qui s’en prenait à lui de tout le mal arrivé depuis quelques années. M. d’Argental, ministre de Parme, et un des grands-vicaires du diocèse de Ferney à Paris, manda