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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/303

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s’y rendit accompagnée du prince Frédéric-Adolphe, son frère, quoique ce prince ne fût pas encore entièrement rétabli de l’indisposition que lui avait causée la nouvelle inattendue de la mort du roi son père. Son Altesse Royale tomba même plus sérieusement malade après cette date, et l’on fit appeler M. Tronchin, qui la traita conjointement avec le médecin suédois qui avait suivi ces princes dans leur voyage. L’abbé de Radonvilliers, ancien sous-précepteur de M. le dauphin et des Enfants de France, complimenta le roi de Suède en qualité de chancelier de l’Académie. Ce compliment fut court. L’auteur le composa sur le grand chemin en se rendant de Versailles à Paris pour assister à la séance de l’Académie. Il n’a pas voulu en donner copie, et il prétend avoir refusé même Sa Majesté suédoise, qui eut la bonté de lui en demander une. Après ce compliment, M. d’Alembert lut un Dialogue aux champs Élysées entre la reine Christine de Suède et le philosophe Descartes[1] ; M. Marmontel lut ensuite une comédie en deux actes et en vers, intitulée l’Ami de la maison, et le duc de Nivernois termina la séance par la lecture de plusieurs fables de sa composition, que le public est accoutumé depuis longtemps à applaudir aux séances publiques de l’Académie. On présenta après la séance au roi de Suède un jeton académique en or : il n’y en eut qu’un, et le prince Frédéric-Adolphe fut obligé d’en accepter un ordinaire en argent ; je crois même qu’au lieu de prier Son Altesse Royale de permettre qu’on lui en portât un le lendemain, puisqu’on ne s’était pourvu que d’un seul, on eut la sottise de lui dire que l’Académie ne donnait des jetons en or qu’aux têtes couronnées, comme si elle était érigée pour faire des distributions de jetons aux rois et aux princes souverains. Lorsque le roi, en examinant les portraits qui sont dans la salle d’assemblée particulière, eut remarqué celui de la reine Christine, on saisit cette occasion pour demander à Sa Majesté le sien, et elle eut la bonté de le promettre.

Je ne vous dirai rien de l’Ami de la maison. C’est une pièce à ariettes, comme disent nos barbares en musique, mais du reste écrite dans le véritable genre de la comédie ; M. Gré-

  1. Ce Dialogue se trouve tome IV, page 468 de l’édition des Œuvres de d’Alembert, Paris, Belin, 1822.