try la met actuellement en musique. Elle doit être jouée à la cour pendant le futur voyage de Fontainebleau, et à l’entrée de l’hiver nous l’aurons sur le théâtre de la Comédie-Italienne.
— Le roi de Suède avait remarqué chez Mme la comtesse de La Marck une petite statue de l’Amitié, exécutée en biscuit de porcelaine de Sèvres, d’après un modèle de Falconet, si je ne me trompe. Sa Majesté parut aimer ce morceau, et même désirer d’en avoir un pareil. Mme la comtesse de La Marck demanda et obtint la permission de lui faire hommage de cette petite statue. Elle l’envoya au roi le lendemain avec les vers que je vais transcrire ici : les vers sont de M. Loyseau de Mauléon, ancien avocat au Parlement, aujourd’hui procureur général du conseil de M. le comte de Provence.
Gustave, je vous aime et dix lustres entiers
M’ont bien donné le droit de vous le dire.
Les rois ont cent mille guerriers
Pour assurer le sort de leur empire,
Des généraux pour livrer les combats,
Des courtisans pour chanter la victoire,
Des belles pour joindre à leur gloire
Le doux attrait des plaisirs délicats.
Mais un ami qui librement leur donne
Les sentiments qu’on vend à leur couronne,
Un tendre ami qui vole dans leurs bras
Pour les payer des fatigues du trône,
Les infortunés ne l’ont pas.
Vous l’aurez, prince, et l’amitié fidèle
Que je vous offre en est le sûr garant.
Puissiez-vous dire en voyant ce modèle :
Un roi sans l’amitié peut sans doute être grand,
Mais il ne peut être heureux que par elle.
Mme la comtesse de La Marck, au nom de qui ces vers ont été présentés au roi de Suède, est fille du feu maréchal de Noailles, ministre d’État, et par conséquent sœur du duc de Noailles d’aujourd’hui. Ces vers disent qu’elle a cinquante ans. Depuis cinq ou six ans elle est devenue dévote, mais sans renoncer entièrement au monde. M. le comte de Scheffer avait beaucoup vécu dans sa société lorsqu’il occupait le poste de ministre de Suède à la cour de France, et à ce titre elle a été une des premières dames de Paris qui aient eu l’honneur de