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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/435

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académiques. Il faudrait, à la place de ces tours déclamatoires et de ces fleurs de mauvais goût, plus de véritable talent pour mériter notre suffrage. Ces messieurs ne savent pas assez, suivant l’observation de M. de Voltaire, combien l’adjectif peut affaiblir le substantif, quoiqu’il s’y rapporte en cas, en nombre et en genre[1]. M. Loyseau possédait au reste toutes les vertus domestiques ; il était bon fils et bon frère ; et il y a, par sa mort, sinon un homme heureux, certainement un honnête homme de moins.

M. Gibert, de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, est aussi mort dans le courant de l’année dernière. C’était ce qu’on appelle un bon israélite, assez versé dans le fatras de l’histoire de France ; bon bénédictin de robe courte. Après la mort de Villaret, il fut nommé secrétaire de la pairie, et en cette qualité il composa un Mémoire sur les rangs et les honneurs de la cour[2], à l’occasion du fameux menuet du mariage de M. le dauphin[3]. L’abbé Georgel, ex-jésuite, qui vient de passer à Vienne en qualité de secrétaire d’ambassade avec M. le prince Louis de Rohan, a publié, avant son départ, une réponse à cet écrit anonyme pour la conservation des droits et prérogatives de la maison de Rohan et des autres princes étrangers établis en France[4]. Le pauvre diable de Gibert ne pourra pas répondre à l’ex-jésuite ; mais on dit que MM. les ducs et pairs de France veulent faire travailler à une réfutation, de sorte que ce grand procès pourra devenir, avec le temps, interminable.

Vous trouverez les autres pertes que nous avons faites pendant le cours de l’année dernière dans le Nécrologe des hommes célèbres de France, publié au commencement de cette année par un tas de barbouilleurs qui se donnent le titre de Société de gens de lettres. Vous serez, je crois, un peu étonné de n’avoir jamais entendu parler de la plupart des Hommes célèbres préconisés dans ce volume. L’Éloge de Trial, en son vivant, violon de M. le prince de Conti et directeur de l’Opéra, est fait avec

  1. Voltaire avait dit cela dans une lettre à d’Alembert, du 25 mars 1765, lettre dont Grimm avait sans doute eu communication. (T.)
  2. 1770, in-8°.
  3. Voir précédemment, p. 33.
  4. Réponse à un écrit anonyme intitulé Mémoire sur les rangs et les honneurs de la cour, par M. l’abbé Georgel, 1771, in-8°. Cet abbé est l’auteur de Mémoires dans lesquels l’affaire du collier est traitée avec de grands détails. (T.)