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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/467

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M. le duc de La Vauguyon étant allé, ces jours passés, rendre compte au tribunal de la justice éternelle de la manière dont il s’est acquitté du devoir effrayant et terrible d’élever un dauphin de France, et recevoir le châtiment de la plus criminelle des entreprises, si elle ne s’est pas accomplie au vœu et aux acclamations de toute la nation ; on a vu, à cette occasion, un monument de vanité bien étrange, et qui a occupé la cour et la ville c’est le billet d’enterrement qu’on a envoyé à toutes les portes, suivant l’usage. Ce billet est devenu, par sa singularité, un effet de bibliothèque. Chacun a voulu le conserver : et à force d’être recherché, il est devenu rare, malgré la profusion avec laquelle il avait été distribué. Je vais le transcrire ici en son entier, dans l’espérance qu’il pourra entraîner ces feuilles avec lui vers la postérité.

« Vous êtes priés d’assister aux convoi, service et enterrement de monseigneur Antoine-Paul-Jacques de Quélen, chef des noms et armes des anciens seigneurs de la châtellenie de Quélen en Haute-Bretagne, juveigneur des comtes de Porhoët ; substitué aux noms et armes de Stuer de Caussade, duc de La Vauguyon, pair de France, prince de Carency, comte de Quélen et du Broutay, marquis de Saint-Mégrin, de Callonges et d’Archiac, vicomte de Calvignac, baron des anciennes et hautes baronnies de Tonneins, Gratteloup, Villeton, la Gruère et Picornet, seigneur de Larnagol et Talcoimur, vidame, chevalier et avoué de Sarlac, haut baron de Guienne, second baron de Quercy, lieutenant-général des armées du roi, chevalier de ses ordres, menin de feu monseigneur le dauphin, premier gentilhomme de la chambre de monseigneur le dauphin, grand-maître de sa garde-robe, ci-devant gouverneur de sa personne et de celle de monseigneur le comte de Provence, gouverneur de la personne de monseigneur le comte d’Artois, premier gentilhomme de sa chambre, grand-maître de sa garde-robe et surintendant de sa maison ; qui se feront jeudi, 6 fevrier 1772, à dix heures du matin, en l’église royale et paroissiale de Notre-Dame de Versailles, où son corps sera inhumé. De profundis. »

On voit que ce billet est l’ouvrage d’une composition réfléchie, combinée, profonde et laborieuse. Si le fils du défunt, M. le duc de Saint-Mégrin, en est le seul et véritable auteur et s’il entend son ouvrage, il faut que l’Académie des inscrip-