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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 9.djvu/94

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du Prince et de la Patrie, ou le Bon Citoyen[1] ; c’est un recueil de dialogues entre un sage et un laboureur. L’histoire du sage est développée dans l’introduction, sous ce titre : le Bon Seigneur ; et dans l’avertissement, vous trouverez encore une autre anecdote intitulée le Paysan saxon. J’observerai ici, en passant, au bon citoyen et à l’homme aux secours piquants, et à tous les rêveurs de bien public, que le paysan du duché d’Altenbourg est laborieux, industrieux, entendu, économe, riche au point qu’il donne huit ou dix mille écus à sa fille, en la mariant au fils du laboureur, son voisin, sans que lui ni son voisin aient jamais entendu parler ni de M. le chevalier Zanobi, ni de M. le marquis de Mirabeau, ni des Éphémérides du citoyen, ni de l’Ordre essentiel de M. de La Rivière ; ce qui me fait croire que le bon gouvernement a plus d’influence sur l’agriculture que les bons bavards. J’ajoute que, pour m’instruire dans la science économique, j’aimerais mieux assister aux récréations des paysans du pays d’Altenbourg, lorsqu’ils jouent les dimanches aux quilles, que de lire les Récréations économiques de l’abbé Roubaud, et les découvertes de l’abbé Morellet. Cependant, comme je ne veux pas mourir dans l’impénitence finale, je m’engage d’abjurer et de croire à l’influence immédiate de nos rêveurs économiques sur le bonheur de la France le jour où j’aurai remarqué à nos paysans français l’assurance, le maintien des paysans d’Altenbourg, avec des habits aussi bien étoffés et des culottes aussi amples, et des filles aussi bien dotées que j’en ai vu dans ce pays-là.


15 juillet 1770.

M. de Saint-Lambert, ayant été élu par l’Académie française à la place du feu archidiacre abbé Trublet, a prononcé son discours de remerciement, le 23 du mois dernier, dans une séance publique de MM. les Quarante. Ce discours trace rapidement et légèrement l’histoire de la littérature française, depuis sa naissance jusqu’à nos jours. Il a été assez bien reçu du public à la séance de l’Académie ; depuis qu’il est imprimé, il est absolu-

  1. Par M. de Sapt, Paris, Costar, in-8°. Quelques exemplaires portent le nom de l’auteur.