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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/139

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hommes, ils les mangèrent ; fait de notoriété publique et dont je puis envoyer la preuve juridique à Votre Majesté. Je pris encore cette résolution de les faire esclaves pour jeter l’épouvante parmi les Indiens de Mexico et parce que la population est si dense que si je ne leur imposais pas un châtiment exemplaire il me serait impossible de les soumettre. Dans cette guerre nous eûmes pour alliés les Indiens de Tlascala, Cholula et Guajocingo, ce qui a cimenté nos bonnes relations, et nous sommes certains qu’ils serviront toujours Votre Altesse comme de loyaux serviteurs. Pendant que je combattais avec les gens de Tepeaca, je reçus des lettres de la Veracruz qui annonçaient l’arrivée dans le port de deux navires en détresse, partie d’une nouvelle flotte que Francisco de Garay avait envoyée sur la rivière Panuco, où les Indiens du pays avaient attaqué sa troupe, lui avaient tué dix-sept ou dix-huit soldats et blessé beaucoup d’autres. Ils lui avaient aussi tué sept chevaux ; si bien que les survivants de cette troupe s’étaient jetés à la mer pour gagner leurs navires à la nage. Le capitaine et ses hommes arrivèrent fort abattus, presque tous blessés à la ville, où mon lieutenant les accueillit et fit panser leurs blessures. Et pour qu’ils se rétablissent plus rapidement, il envoya une partie d’entre eux chez un cacique de nos amis près de là, où l’on en prenait soin.

Ce fâcheux événement nous affligea autant que nos propres désastres ; et cela ne serait pas arrivé, si la première fois ces hommes m’avaient consulté, comme j’en ai parlé dans le temps à Votre Altesse. J’étais en effet parfaitement au courant des choses de la région et j’aurais pu leur donner un conseil qui leur eut épargné une défaite ; et cela d’autant mieux, que le cacique de cette province s’était reconnu vassal de Votre Majesté et m’avait envoyé à ce titre des courriers à Mexico, chargés de divers présents comme je l’ai dit plus haut. J’écrivis à la Veracruz, que si le lieutenant de Francisco de Garay et ses hommes voulaient s’en aller, qu’on fît le possible pour les aider à se remettre en route.

Après la soumission de la plus grande partie de cette province de Tepeaca à l’autorité de Votre Majesté, nous nous