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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/140

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réunissions souvent, mes officiers et moi, pour causer de ce qu’il serait utile de faire pour assurer la sécurité dans la région. Nous rappelant que les naturels après avoir jure obéissance s’étaient révoltés et nous avaient tué des Espagnols ; considérant que cette province se trouve être le débouché de tous les passages de la côte à l’intérieur, et que c’est le chemin que prennent les marchandises pour pénétrer dans le pays ; considérant que si cette province était livrée à elle-même, les Indiens et les seigneurs de Mexico qui sont leurs voisins les induiraient à se révolter de nouveau, ce qui nous causerait de grands dommages, compromettrait la pacification et ruinerait le commerce ; attendu que les deux passages en question de la mer à l’intérieur, pourraient tomber entre les mains des naturels et qu’ils pourraient s’y fortifier ; nous arrêtâmes pour ces raisons et pour d’autres qui nous parurent convenables, qu’il était nécessaire de fonder dans cette province de Tepeaca et dans le lieu le plus propice, une ville où les habitants se trouveraient dans les meilleures conditions de séjour et de défense. Nous mîmes sur-le-champ notre projet à exécution : et moi, au nom de Votre Majesté, je baptisai la ville Sécurité de la Frontière (Segura de la Frontera), je nommai les alcades, les corrégidors et autres officiers avec les cérémonies habituelles. Et pour la grande sûreté des futurs habitants, je fis rassembler sur l’emplacement désigné, des matériaux dont abondait le pays, pour construire une forteresse dont on jeta les fondations.

Comme j’écrivais cette relation, je vis arriver les messagers du cacique de la ville de Huaquechula située à cinq lieues d’ici ; elle se trouve à l’entrée d’un passage que l’on prend pour aller à Mexico ; ces messagers me dirent de la part de leur maître, qu’ils étaient venus un peu tard présenter sa soumission à Votre Majesté, mais que je ne lui en voulusse pas, car il avait en sa ville et bien contre sa volonté quelques capitaines mexicains ; que chez lui et à une lieue plus loin se trouvait un corps de trente mille hommes gardant le passage dont ils nous défendraient l’accès et décidés à empêcher que les Indiens de la ville et des provinces voisines n’acceptassent l’autorité de Votre Altesse et ne devinssent nos amis. Ils me dirent qu’un grand