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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/264

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découvertes dans cette mer du sud, pour la plus grande gloire de Dieu, Notre Seigneur, et de Votre Majesté. En se rendant à la côte, mon capitaine et ses hommes entendirent parler d’une province appelée Coliman, assez éloignée du chemin qu’ils suivaient, à leur droite, c’est-à-dire au couchant et à cinquante lieues de là. Mon lieutenant s’y rendit sans me consulter, accompagné d’une nombreuse troupe des Indiens de Michoacan ; il en parcourut diverses parties, où il eut quelques rencontres avec les habitants ; et quoiqu’il eût avec lui quarante chevaux, plus de cent fantassins, arquebusiers et arbalétriers, il fut battu et dut se retirer après avoir perdu trois Espagnols et beaucoup d’Indiens ; il se rendit alors à Zacatula. Lorsque je connus cette affaire, je me fis amener le lieutenant et le punis de son insubordination.

Dans ma précédente relation, je racontai à Votre Impériale Majesté que j’avais envoyé Pedro de Alvarado dans la province de Tututepec sur les bords de la mer du sud, comment il y était arrivé et s’était emparé du cacique et de son fils ; je parlais aussi d’échantillons d’or et de perles qu’on lui avait remis. À cette époque, il n’avait pas d’autres nouvelles à me donner. Je dois dire aujourd’hui à Votre Grandeur, que, en réponse aux lettres qu’il m’avait écrites, je lui ordonnai de choisir un site convenable dans cette province, pour y former un établissement. En même temps, je fis passer à Tututepec les colons de la ville Segura de la Frontera parce que cette ville ne m’était plus d’aucune utilité. Ils s’en allèrent là-bas et appelèrent la nouvelle ville, Segura de la Frontera comme la précédente. Des Indiens d’Oaxaca, de Coatlan, de Coasclahuaca et de Tachquiaco, furent répartis entre les nouveaux habitants de cette ville, et s’empressèrent de les servir avec la meilleure volonté. Pedro de Alvarado en fut en mon lieu et place le chef-justice et le capitaine.

Pendant que je m’occupai de la conquête du Panuco comme je le dirai plus tard à Votre Majesté, les alcades et officiers municipaux de la nouvelle ville prièrent Alvarado de leur confier ses pouvoirs pour venir traiter avec moi au sujet de leurs intérêts ; ce qu’il accepta. Les alcades et conseillers se liguèrent entre eux et au moyen de certaines manœuvres et malgré