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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/287

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perdu plus de monde, parce qu’on ne put se les rappeler tous.

Les cavaliers de mon lieutenant, ceux du grand alcade et ceux qui restaient à Santisteban montaient à quatre-vingts, ils les répartirent en trois escouades qui firent aux Indiens de la province une guerre acharnée ; ils s’emparèrent de plus de quatre cents caciques et personnages principaux sans compter les petites gens. Les premiers furent tous brûlés vifs après avoir confessé être les auteurs du soulèvement et avoir pris part au massacre des Espagnols, après quoi ils rendirent la liberté à ceux qu’ils tenaient prisonniers et ramenèrent tous les habitants dans leurs villages. Alors le capitaine, au nom de Votre Majesté, nomma de nouveaux caciques pris parmi les héritiers de ceux qui avaient été exécutés. À cette époque, je reçus des lettres de ce capitaine et d’autres personnes de sa compagnie qui m’assuraient que la province était soumise et pacifiée, que les Indiens se montraient empressés près de leurs maîtres et que, toute rancune étant apaisée, nous pouvions compter sur une année de tranquillité.

Votre Majesté Impériale saura que ces gens sont si remuants qu’un rien les émeut et les révolutionne, suite de l’habitude qu’ils avaient de se révolter contre leurs seigneurs ; mais j’espère que le passé leur servira de leçon.

Dans les chapitres précédents, Seigneur Très Catholique, je disais que, lorsque je reçus la nouvelle de l’arrivée de Francisco de Garay au Panuco, j’étais sur le point d’envoyer une flotte et des hommes à la pointe des Hibueras, et dans quel but je les envoyais. La venue de Garay arrêta l’expédition ; croyant qu’il voulait s’emparer du pays, je pensais avoir besoin de toutes mes troupes pour lui résister.

L’affaire du gouverneur étant terminée, je voulus donner suite à mes projets, et malgré la dépense causée par la consommation des approvisionnements, la solde des marins et des soldats, j’achetai d’autres navires ; j’en réunis cinq d’un fort tonnage, plus un brigantin, je les chargeai de quatre cents hommes avec de l’artillerie, des munitions et des armes, des vivres et des victuailles ; j’envoyai deux de mes serviteurs à l’île de Cuba,