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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/386

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vage appliqué aux cent Indiens prisonniers, assurèrent la tranquillité de la province et quand je partis, je laissai tous les villages repeuplés, tranquilles et répartis entre mes Espagnols, qu’ils servaient avec le plus grand zèle.

Sur ces entrefaites, il nous arriva un capitaine, avec une vingtaine d’hommes de ceux que j’avais envoyés à Naco avec Gonzalo de Sandoval et de la compagnie de Francisco Fernandez, que Pedro de Avila, gouverneur de Votre Majesté, avait envoyés dans la province de Nicaragua : ils m’annoncèrent qu’un lieutenant de ce même Francisco Fernandez était arrivé au village de Naco avec une quarantaine d’hommes, tant cavaliers que fantassins, qui venaient au port de la baie de Saint-André rejoindre le bachelier Pedro Moreno, que les juges résidant à l’île Espagnola avaient envoyé dans ces parages, comme je l’ai raconté à Votre Majesté. Il paraît que ce Moreno avait écrit à Francisco Fernandez, l’engageant à secouer le joug du gouverneur, comme il l’avait déjà fait pour les gens que laissèrent Gil Gonzalez de Avila et Francisco de Las Casas : et ce lieutenant venait l’entretenir de la part de Francisco Fernandez, afin de s’entendre avec lui pour renoncer à l’obéissance qu’il devait au gouverneur et accepter celle des juges de l’île Espagnola.

Je renvoyai ces hommes sur-le-champ ; j’écrivis à Francisco Fernandez, à la troupe qu’il commandait et tout particulièrement à certains de ses officiers que je connaissais, leur reprochant leur malhonnêteté, leur signalant la mauvaise voie où ils s’engageaient et comment ce bachelier les avait trompés ; les assurant combien Votre Majesté serait irritée d’une telle conduite, ajoutant tout ce que je pouvais imaginer pour les faire revenir sur un tel projet. Ils me donnèrent pour excuse, que Pedro Arias de Avila était si loin deux, qu’ils avaient toutes les peines du monde à se pourvoir des choses d’Espagne, qui leur manquaient fréquemment ; qu’ils pouvaient s’approvisionner beaucoup plus facilement dans les ports que j’avais fondés au nom de Votre Majesté ; que le bachelier leur avait écrit que toute la contrée avait été colonisée par les juges de l’île Espagnola et qu’il serait bientôt de retour avec du monde, des armes et des provisions.