Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/387

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Je leur écrivis que j’avais envoyé des ordres pour qu’on leur donnât, dans mes villages, tout ce dont ils auraient besoin, mais qu’ils traitassent les Indiens avec la plus grande bienveillance ; que nous étions tous vassaux et sujets de Votre Majesté, à condition qu’ils restassent sous les ordres de leur gouverneur, comme ils s’y étaient obligés, et non autrement. Comme ils m’assurèrent que, pour le moment, la chose dont ils avaient plus besoin c’était des fers pour leurs chevaux et des outils pour la recherche des mines, je leur fis cadeau de deux mules chargées de fers et d’outils, puis je les renvoyai. Lorsqu’ils furent arrivés près de Fernando de Sandoval, je leur en envoyai encore deux, chargées de ces mêmes outils m’appartenant.

Ces gens-là expédiés, je reçus des envoyés de la province de Huilacho, située à soixante-cinq lieues de Trujillo, dont j’avais déjà quelques habitants près de moi venus pour se déclarer sujets de Votre Majesté ; ceux-ci venaient se plaindre que leur village avait été envahi par vingt cavaliers, quarante fantassins et une foule d’Indiens qui les suivaient comme alliés, dont ils avaient souffert mille maux.

Ces gens leur prenaient leurs femmes, leurs enfants, leurs biens et ils venaient me prier de m’intéresser en leur faveur, puisqu’ils étaient mes amis et que je m’étais engager à les défendre contre quiconque les molesterait. Je reçus ce même jour de Fernando de Sandoval, mon cousin, que j’avais envoyé comme lieutenant pour pacifier la province de Papayeca, deux hommes appartenant à la troupe dont les Indiens venaient se plaindre ; ils venaient à la recherche de cette ville de Trujillo qu’on leur avait dit être proche et que le pays était sûr. J’appris qu’ils appartenaient au corps de Francisco Fernandez qui les avait envoyés à Trujillo et qu’ils marchaient sous les ordres d’un capitaine appelé Gabriel de Rojas.

Je renvoyai ces hommes avec les Indiens qui étaient venus se plaindre, sous la conduite d’un alguazil porteur d’une lettre à Gabriel de Rojas lui enjoignant de quitter ladite province et de rendre aux habitants, les Indiens, les Indiennes et toutes choses dont il les avait dépouillés ; j’ajoutai que s’il avait