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IMPRESSIONS DES ANNAMITES

aux yeux clignotants, me conduisit à travers plusieurs chambres où des coulis dormaient dans les coins comme des chiens au chenil. — Je gravis un escalier dont les marches et les murs n’avaient pas complètement oublié le séjour qu’avaient fait, une année auparavant, les Siamois dans la même demeure.

Après un voyage de quelques minutes, mon guide frappa à une porte, qui s’ouvrit immédiatement ; je distinguai, du milieu d’un nuage épais de fumée, trois à quatre Annamites étendus sur des lits de repos, et près d’eux un jeune homme courbé sur une sorte de pupitre et qui travaillait pendant que ses frères se livraient aux douceurs du kief.

Sa physionomie me parut différente de celle de ses compagnons ; — son teint était cependant olivâtre, son nez largement épaté ; ses lèvres étaient grosses, et les pommettes de ses joues très-proéminentes ; mais son front, admirablement sculpté, révélait des dispositions philosophiques des plus prononcées. — Son costume, d’une simplicité très-grande, consistait en une sorte de robe noire rappelant un peu la soutane d’un prêtre. Un turban de couleur sombre s’en roulait autour de sa tête et laissait apercevoir, à la base de l’encéphale, quelques mèches de cheveux d’un noir bleuâtre. Ses pieds disparaissaient dans des babouches élégantes qui ressemblaient assez à des pantoufles de dame. Ce jeune homme se leva à mon