Page:Cortambert - Impressions d'un japonais en France, 1864.pdf/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
EN EUROPE

liens d’une union chrétienne, je vous aurais peut-être demandé de prendre auprès de lui le titre d’épouse, et vous nous auriez accompagnés dans nos régions lointaines ; mais il faut absolument que vous apaisiez les tourments de votre âme.

« Votre respectueux serviteur,
« Pétrus. »

Que dites-vous de l’admirable naïveté du bon interprète ? Elle me parut alors si singulière que je ne pus retenir un franc rire dont vous saisissez infiniment mieux le sens que mon candide compagnon. Je lui expliquai que la belle soupirante n’était qu’une fille de joie, et que sa grande honnêteté (à lui Pétrus) lui avait fait commettre une méprise dont on avait dû beaucoup s’amuser. Eh bien ! malgré l’assurance avec laquelle je parlais, je ne parvins pas à ébranler sa noble confiance ; il s’en alla, persuadé que les seuls charmes de son frère avaient enflammé une demoiselle de très-bon ton et de conduite parfaitement régulière[1]

  1. J’espère que mon excellent ami me pardonnera cette révélation. Je n’ai pas voulu priver mes lecteurs de ce détail intime de mœurs qui peint l’élévation, la candeur charmante de sa belle âme.