Page:Cortambert - Impressions d'un japonais en France, 1864.pdf/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

II

À quelques jours de là, bras dessus, bras dessous, nous parcourions les boulevards et les grandes voies de Paris ; entrant ici dans un édifice religieux, là dans un palais ; plus loin dans une manufacture, plus loin encore dans un café ou dans un concert.

Ce qu’il voyait lui inspirait en général peu de paroles, mais on s’apercevait aux feux de son regard qu’il était loin d’être insensible aux merveilles de l’industrie et aux prodiges du génie européen.

À la Bibliothèque impériale, il examina avec le plus vif intérêt les collections d’ouvrages qui lui rappelaient l’Orient ; ses questions étaient fort judicieuses, et ses répliques témoignaient un profond savoir. Il feuilletait les manuscrits et les in-folio avec cette ineffable satisfaction du bibliophile, satisfaction qu’il faut avoir soi-même pour bien la comprendre chez les autres. Un linguiste très-versé dans l’histoire du bouddhisme s’entretint quelques minutes avec lui, et nous, assistants, nous demeurâmes convaincus que le jeune interprète de l’Annam aurait pu donner de précieuses leçons au vieux maître.