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Page:Cortambert - Impressions d'un japonais en France, 1864.pdf/208

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IMPRESSIONS DES ANNAMITES

prendre bien ce que les caractères expriment, il faudrait qu’un homme y consacrât au moins toute sa jeunesse ; il ne lui resterait jamais assez de temps pour se livrer aux travaux scientifiques. Si vous pouviez comprendre aussi bien que moi les coutumes et les habitudes de mon pays, je n’aurais pas besoin d’insister autant sur les obstacles que rencontreront les moindres tendances d’innovation.

« Mes compatriotes forment un peuple très-docile, très-imitateur, mais complètement inerte ; je vois là surtout la faute du gouvernement, qui ne s’est pas occupé de l’animer, de le réveiller ; j’ose espérer que dès aujourd’hui il ne demeurera plus dans cette nuit d’inactivité et marchera comme l’ancien monde occidental dans la voie du progrès. »

Le savant interprète termine sa lettre par plusieurs phrases de philosophie transcendante de tournure fort mystérieuse. — Je crois être parvenu à en saisir le sens, comme l’archéologue déchiffre sur une pierre des signes effacés… ; mais cette traduction me paraît si peu certaine que je ne vous en fait pas part. Que d’antiquaires devraient avoir ma prudence !

Pétrus et ses compagnons sont aujourd’hui dans leur patrie. Mais, avant de quitter l’Europe, ils ont voulu visiter l’Espagne et présenter leurs hommages à la reine Isabelle ; on n’ignore pas, d’une part, le rôle important que le gouvernement de Madrid a joué dans