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— Oui, par Dieu ! oui, me répondit mon guide, une caisse. Vous prendrez un coin et j’occuperai l’autre. Le voyageur est un colis à deux jambes. L’ignorez-vous ? Allons, montez !

Et Francœur me poussa dans un compartiment et m’y installa.

— Maintenant, me dit-il, qu’il vienne princes, rois, marquises ou duchesses, nous ne bougerons pas.

— Mais, repris-je, la galanterie ne voudrait-elle pas que nous cédassions les meilleures places aux dames ? Ne craignez-vous pas de vous attirer quelque fâcheuse affaire ?

— Comment ? Qui a dit cela ?

— Certain petit livre traitant des mœurs européennes. J’y vois que les deux plus belles qualités françaises sont la politesse et le courage. Que la galanterie veut que les hommes abandonnent partout aux dames la préséance, et que, si l’on vient à manquer à cette règle de la plus simple politesse, le premier seigneur venu est en droit de vous rappeler à votre devoir en mettant l’épée à la main.

— Ta ! ta ! ta ! Candide docteur, me répondit en riant Francœur, votre livre fut parfait, mais il radote aujourd’hui. Autre temps, autres mœeurs. Les idées de 89, les droits de l’homme, les principes anglo-américains, 1830, le besoin d’égalité éclatant en 1848, ont changé toutes ces vieilles prérogatives. La grammaire, qui a