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mènent à la fortune et comprennent le beau dans l’industrie, parce qu’ils y trouvent leur intérêt.

La seconde ville de France étudiée, nous songeâmes à gagner Paris. Ce que nous ne tardâmes pas à faire. Huit heures après notre départ, nous touchions aux limites de la capitale.

De loin, le murmure de la grande cité, pareil au grondement sourd d’un monstre gigantesque, vient frapper l’oreille. Des milliers de cheminées, grandes comme des tours, se pressent dans les faubourgs et promènent sur l’horizon des bandes noirâtres de fumée. Le bruit discordant des usines et des forges retentit de toutes parts. Du sein des fournaises jaillissent des étincelles. Le fer se ploie, se retourne comme la pâte sous les coups réitérés des marteaux et des machines.

Les grandes villes sont toutes entourées d’une ceinture où s’agglomère la lie de la population, sorte de bave infecte rejetée au dehors. Paris n’échappe pas à la règle. Une sombre couronne de quartiers où la misère et le vice s’entassent pêle-mêle l’enveloppe comme d’une muraille. La gangrène a également mordu au cœur la grande capitale. C’est dans les parages du centre que l’amour prend ses allures les plus ignobles ; par une étrangeté du sort, les parias de la société gravitaient encore hier à peu de distance du palais où la justice frappe chaque jour le crime de ses condamnations.