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dans cet Occident, hier si orgueilleux de sa religion chrétienne ! Pour le moment, ceux qui détruisent ne songent guère à reconstruire. Rien ne s’élève à la place de ce que l’on abat ; partout une complète indifférence. L’occasion est donc favorable ; accourez, lamas, bonzes et talapoins !

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Arrivés à Lyon, nous visitâmes, Francœur et moi, les quartiers, les quais, les monuments principaux.

— Eh bien ! me dit mon guide, que pensez-vous de la physionomie de cette cité ? Vous paraît-elle heureuse ou misérable, austère ou corrompue, indolente ou active ?

— Je la suppose, répliquai-je, riche et pauvre, dévote et dépravée, travailleuse et lente tout à la fois.

— Bien jugé ! reprit Francœur. Lyon est en réalité une ville pauvre, parce que les ressources de son commerce reposent sur le luxe. Elle ressemble à ces personnes hydropiques qui, par le fait même de leur maladie, semblent grasses et bien portantes. L’ouvrier est en général ici laborieux, mais facile à entraîner ; émeutier dans l’occasion, malpropre par habitude, routinier, triste et soucieux par tempérament. Les maîtres qui les dirigent sont calculateurs, réservés, mystiques plutôt que religieux. Ils ont du goût pour les arts qui