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louis d’or paraissent plus doux à l’œil que les sourires les plus passionnés.

— Serait-il vrai, répliquai-je avec naïveté, que les bayadères ne fussent plus que des filles avares ?

— Sans aucun doute, reprit judicieusement Francœur, et elles ont raison ; car elles savent qu’en économisant elles trouveront sûrement, un jour ou l’autre, un mari jeune et gentilhomme de bonne compagnie.

En ce moment passait une dame dont la beauté était apparemment très-remarquable, car tous les regards se braquaient sur elle ; elle promenait ses yeux sur la foule avec une telle assurance que je la pris pour une femme fort peu soucieuse de sa vertu.

— N’est-ce pas là une femme célèbre dans le monde des plaisirs ? demandai-je.

— Pardonnez-moi, Excellence, cette dame passe pour honnête, et elle l’est.

— Par Confucius ! comment en France la vertu se distingue-t-elle ?

— Moins difficilement que vous ne pensez, répondit Francœur, et le vrai Parisien ne s’y trompe pas : — la femme vertueuse marche à pas égaux, et sans détourner la tête. Elle ne se fait jamais suivre d’épagneuls, et porte les modes que les femmes perdues ont inventées, mais délaissées depuis six mois.

— Ce sont là des subtilités.

— Peut-être, mais il n’est plus d’autres distinctions.