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vaient être d’une vertu peu redoutable chez elles ; je me trompais assurément ; depuis, j’ai appris que les dames françaises ne se compromettent pas aux yeux du monde en suivant une voie qui, en Orient, les ferait inévitablement mettre à mort par leurs époux, et que les maris d’Occident comprennent qu’il faut transiger sur bien des points.

Ébloui par ce flot de robes brillantes, presque enivré par le coup d’œil magique de tant de personnes luxueuses qui jetaient au vent toute une atmosphère de parfums, tout un rayonnement de voluptés, je ne pus retenir ces paroles :

— Décidément, Paris est bien la capitale des plaisirs : je n’ai jamais vu nulle part, même à Osaka, de femmes plus gracieuses et plus séduisantes ! Hélas ! mon cher Francœur, je vois se dissiper toute ma philosophie et s’envoler mes plus beaux principes. Si je n’avais un poids de cinquante longues années sur ma tête et un vieux visage ridé, je me donnerais, ma foi, la fantaisie d’admirer de plus près une de ces agaçantes beautés…

— Excellence, me répondit mon guide, l’âge ne doit pas être mis dans la balance ; si vous connaissiez mieux les mœurs de certaines de nos Françaises, vous sauriez qu’auprès de beaucoup de femmes les vieillards ont plus de succès que les jeunes gens. La coquetterie a depuis longtemps dévoré l’amour, et les