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pelle tes souvenirs. Dans une douzaine de cages décorant sa chambre de travail, se tenaient d’ordinaire des animaux venus de loin, et la plupart d’Europe : là un chat, ici un chien de la variété des preneurs de rats ; ici un singe mandrille à la mine renfrognée ; plus loin, une dinde avec des faucons pour petits ; une douzaine de campagnols bien nourris, cinq lézards verts de taille à rivaliser avec des crocodiles, et enfin un ours. Tout cela criait, piaulait, s’agitait et dévorait. Le chat, d’origine britannique, miaulait à fendre la tête de ses voisins, montrait ses griffes, faisait le gros dos, s’étirait, lissait ses barbes, s’emparait des meilleurs morceaux, et, à peine repu, jetait au vent de nouvelles plaintes. — Le chien, chien français, trop à l’étroit dans sa niche et d’ailleurs retenu par sa chaîne, s’élançait follement en avant, se démenait et aboyait. Bien qu’ennemi juré du chat, il avait pourtant la bonhomie de le laisser en paix, se réservant toutefois le droit de lui donner un jour ou l’autre une verte correction. Bon diable au demeurant, mais tapageur, plein de fougue et de jeunesse, maître chien aspirait à la liberté ; il rongeait mélancoliquement ses os et ronflait ; — tandis que le singe, né par une étrangeté du sort dans les parages de l’Italie, — rageur et taquin, — se tordait sur lui-même, dans l’impossibilité où il se trouvait de pincer les autres, il se mordait les doigts et se grattait la poitrine jusqu’au sang.