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deurs de l’Annam, lorsqu’une lettre sembla prévenir mon désir. La voici :


« Très-cher collègue,

« Vous êtes l’ami et le défenseur du peuple de Nippon ; — eh bien ! j’ai la bonne fortune d’avoir ce soir même chez moi un Japonais ! un docteur, un kami ! Mon domestique prépare en son honneur un monstrueux plat de riz ; je vous propose de partager le Japonais et le riz.

« Je vous attends. Tout à vous,

« Martial Combes. »


Une heure après, je pénétrais dans la demeure de Martial ; tout était préparé pour recevoir dignement l’étranger. Des coussins de soie brodés d’or étaient disposés çà et là avec une élégante symétrie et prenaient la place des chaises ; sur les étagères et les meubles en laque s’étalaient, dans tout leur luxe, des éventails, des potiches, des coupes en porcelaine, payés au poids de l’or ; plusieurs lanternes multicolores appendues au plafond menaçaient maladroitement les têtes un peu élevées, et pour que l’illusion de l’Orient parût encore plus complète, des parfums dont l’odeur prenait à la gorge brûlaient dans une sorte de cassolette. À la douce moquette qui couvrait d’ordinaire le parquet