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Page:Cortambert - Impressions d'un japonais en France, 1864.pdf/9

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avait succédé un tapis en paille de riz grossier, mais exotique ; sur la table principale se déroulaient plusieurs cartes du Céleste-Empire et de l’empire du Soleil Levant, tout fraîchement apportées de Canton et de Nagasaki.

Mon ami me fit procéder au minutieux inventaire de ses richesses orientales.

— Et vous n’êtes pas au quart de vos surprises, me dit Martial avec une ineffable satisfaction, attendez la fin ! J’ai dévalisé les marchands de curiosités et ceux de comestibles ; — je suis ravi de mes trouvailles, mais j’ai la tête en feu, et mes jambes demandent grâce !

À peine commencions-nous à deviser que le domestique se précipita dans la chambre et nous annonça que le Japonais était au bas de l’escalier. — Grande rumeur. — Mon ami qui, dans son extrême fatigue, s’était laissé tomber sur un des coussins, se leva sans trop savoir où il allait, et se disposait à descendre pour accueillir son hôte, lorsqu’il songea qu’il compromettrait peut-être les lois de l’étiquette ; il revint donc gravement sur ses pas et attendit de pied ferme l’étranger.

Tout à coup la porte s’ouvrit : le kami, suivi d’un grand homme sec, entra gracieusement et nous salua sans affectation ; mon ami, qui s’attendait aux trois révérences japonaises dont les ouvrages ont tous parlé, avait commencé par se courber sur lui-même comme un arc prêt à se rompre ; avant qu’il eût le temps de