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sur son palefroi, la lance au poing, la croix sur la poitrine, l’amour de Dieu dans le cœur, se met à la tête de quelques milliers de braves et part. Il veut empêcher qu’à l’avenir une vingtaine de pèlerins chrétiens ne soient insultés sur le tombeau du plus saint de tous leurs prophètes ; d’autres lui succèdent ; le courant est établi. L’Occident se déverse sur l’Orient. Plusieurs millions d’hommes sont sacrifiés à l’accomplissement de cette belle œuvre.

« Bon nombre d’années après, des souverains bien pensants se prirent à regarder derrière eux, réfléchirent à ce qui s’était passé et se dirent : « Voilà, en vérité, qui meuble avantageusement notre histoire, mais tout cela n’a pas le sens commun. Ces nobles expéditions ont tellement fait gémir nos finances qu’elles ne se relèveront peut-être jamais ; essayons pourtant de rétablir l’équilibre. Pressurons le paysan, imposons sa maison, sa fenêtre, son champ, sa charrue, son sel et son pain ! »

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« Je n’ai ni le courage ni le temps, savant docteur, de t’entraîner dans les mille péripéties d’une guerre de cent années que la France soutint contre l’Angleterre. Pendant un siècle les combats succédèrent aux combats, les crimes aux crimes. La perfidie plana au-dessus de la malheureuse contrée. Une femme qui ne