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blable à celle des Aïnos, faillit révolutionner le pays. À l’époque où je suis arrivé, une préoccupation immense s’empara de tous les esprits ; un prophète avait dit : « Le monde durera mille ans et plus. » Voilà les bons Européens bien persuadés que la terre va disparaître du rang des astres. Chacun pleure, se désole, se frappe la poitrine et regarde le ciel pour voir si quelque implacable comète ne va pas, de sa queue, lancer le globe dans les abîmes sans fin de l’immensité. Note bien, très-cher docteur, que pendant ce temps la Chine, le Japon et toutes les autres parties du monde jouissaient d’une quiétude parfaite et ne songeaient nullement à une fin prochaine. Que ces peuples de l’Occident sont vains d’avoir supposé que les mystères de Dieu ne devaient être livrés qu’à eux seuls !

« Cette fâcheuse pensée engendra la paresse, et, comme toujours, la paresse eut pour enfants le meurtre, les vols, les exactions, les délits de toute nature. « Décidément, se dirent les sages, il faut purger l’Europe qui devient par trop bilieuse. Toute cette populace oisive s’altère, s’atrophie. L’eau stagnante se corrompt. Tranchons dans le vif, envoyons au diable toute cette horde inutile. » C’est ce qui fut fait ; un orateur fougueux enrégimente mendiants, prêtres et bandits. Tout cela part pour l’Orient. Les trois quarts se perdirent. On n’en entendit plus parler.

« En même temps, un guerrier bardé de fer, monté