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Reprend Kaïs, dans un trouble réel,
Je suis à bout de ressources communes ! …
Mais, apprenez un étrange secret
Que je ne dis qu’en tremblant, qu’à regret !

De père en fils, depuis cent mille lunes,
Dans ma maison, d’un sang illustre issus,
Par les ainés, nous sommes tous bossus ! …
Avec orgueil, de mes aïeux augustes
Je puis, seigneur, vous montrer tous les bustes…
Ah ! devant eux je n’ai point à rougir…
S’ils m’ont transmis un bien ample héritage,
Sur ma personne ils l’ont vu s’élargir ! »

« Mon premier père eut l’insigne avantage
De recevoir d’un gnôme un talisman
Portant ces mots écrits en vieux persan :
« Pour redresser sa vivante machine,
» Que tout bossu m’applique à son échine,
» Disant qu’il veut vivre droit ou mourir…
» Par mon pouvoir on le verra guérir. »

Adab.

« O mon ami, donne-moi ta merveille ! …
Mais ta tournure à la mienne est pareille,
Et c’est peut-être exiger trop de toi…
Allons ! vizir, que l’on se sacrifie !
J’en sais plus d’un qui m’offrirait sa vie ;
Fais mieux encor : vis bossu pour ton roi ! »