Page:Cosnard - Le Sultan bossu, 1863.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 11 —
Kaïs.

« Seigneur, je crains, j’hésite malgré moi… »

Adab.

« M’aurais-tu donc, avec tes fariboles,
Fait concevoir des espérances folles ?
S’il exista, ce bijou précieux,
Il est sans doute usé ! Tes chers aïeux
Auront trop dit les magiques paroles… »

Kaïs.

« Plusieurs l’ont fait, mais nul n’a réussi ;
Leur vœu, je pense, était trop peu sincère…
Vouloir mourir est le point nécessaire,
Et c’est pour vous que j’ai peur !… Or, voici
Le talisman… tentez cette aventure…
Bossu de race et fier de ma structure,
Je n’en aurai nul besoin, Dieu merci ! »

Notre héros, dont l’allégresse éclate,
Se mit l’objet sous sa ronde omoplate :
— « Moi, sire Adab, amoureux et bossu,
J’adjure ici l’étrange sacerdoce
Du vieux lutin de qui l’on t’a reçu :
Délivre-moi du jour ou de ma bosse ! »

À cet appel, le palais s’ébranla ;
Un cri partit… Kaïs, qui chancela,
Crut de son maitre avoir causé la perte…
Le voilà seul, pâle, la bouche ouverte…
Adab n’est plus… ou du moins n’est plus là.