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comme une preuve directe de l’origine indienne de notre épisode, mais il y a là une présomption des plus sérieuses, une de ces conjectures folkloriques fortement motivées, que l’avenir a mainte fois confirmées. Attendons.


Monographie D
L’ÉPOUSE-FÉE


Nous approchons peu à peu du terme de cette longue série d’études. Le cours s’en est poursuivi à travers des contrées folkloriques bien peu connues, non pas sans recevoir, de droite et de gauche, toute sorte d’affluents, parfois considérables, que nous ne devions pas négliger ; car c’est de toute une région du folklore que nous avons entrepris de dresser de notre mieux la carte.

Au thème foncièrement indien de la Captive alternativement morte et vivante, qui a pris place à la fois dans les deux contes maures, est venue se rejoindre une variante affaiblie, non moins indienne, de ce thème étrange, le thème de l’Objet merveilleux qui occasionne un sommeil de mort : le bâton magique, d’abord ; puis l’épingle enchantéeL’Épingle qui endort nous amenait à l’Épingle qui métamorphose, et nous avons suivi ce thème double dans ses ramifications diverses.

Deux Excursus, l’un sur La Pantoufle de Cendrillon dans l’Inde, l’autre sur Le Fatalisme hindou dans les contes européens, ont rectifié, — du moins, nous l’espérons, — des idées peu exactes, existant plus ou moins vaguement chez de fort bons esprits. Un troisième Excursus, Cannibalisme et Folklore, renferme, lui aussi, des faits généralement ignorés et très instructifs. Enfin, un détail du premier des deux contes maures vient de nous faire étudier le thème fort curieux du Sang sur la neige.

Nous allons maintenant aborder, — à l’occasion de cette Rubis des deux contes maures, fille du Roi des Génies, épouse du héros, — le thème, extrêmement fécond en variantes de l’Épouse-fée.


Section I
L’Épouse-fée Rubis et le rubis lumineux


Il convient de revenir d’abord sur le thème général des deux contes maures : Un objet précieux, trouvé par le héros, lui attire les plus grands ennuis et l’expose aux plus grands dangers. Nous