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 Les contes siciliens et le conte turc ont, non point la peau "mise en morceaux" du conte de Straparola, mais la peau jetée au feu.
 Nous avons renvoyé aux remarques de notre conte de Lorraine n°63 pour une forme indienne de ce brûlement avec conséquences funestes ; nous renverrons à ces mêmes remarques (TT, p. ■f.^.S) pour un autre conte indien, Le Prince Singe, présentant une forme de 

ce thème avec conséquences heureuses (i).

3 La (( fable de Psyché » Revenant une dernière fois sur les remarques de notre conte de Lorraine n° Oo, nous rappellerons que nous y avons, ce nous semble, établi solidement un fait, Létroite parenté qui relie à la famille de contes dont il s’agit ici, cette (( fable » de Psyché qui, au second siècle de notre ère, fut mise par le rhéteur africain Apulée dans son livre des Métamorphoses. Si, dans ce livre, l’époux mystérieux, — le vipereum ninlum, auquel le roi, père de Psyché, a été forcé de livrer sa fdle, — n’est qu’un serpent métaphorique, l’Amour, le cruel Amour, nous avons montré que le vieux conte, costumé à la mythologique par Apulée, devait être tout différent sur ce point : là, comme dans les contes originaires directement ou indirecteirient de l’Inde, cet époux était certainement revêtu, pendant le jour, d’une peau de serpent, qu’il dépouillait, la nuit venue. Mais, répétons-le, le récit d’Apulée a changé tout cela. Exposée par ordre d’un oracle sur un rocher, Psyché est transportée par Zéphyre dans un magnifique palais, oii elle est servie par des êtres invisibles. Là, chaque nuit, elle,>aura la visite d’un mari que sans doute elle ne pourra voir, mais dont elle entendra la voix et que ses mains pourront toucher (namque, prœier oculos, et manibus et (i) Les deux contes indiens donnent, chacun, une explication de la naissance du liéros avec enveloppe animale. Dans le premier, le Gandhnrva est un èlre supé- rieur, le gardien de la porte du dieu Indra, et c’est en punition de ses fautes qu’il a été condamné à renaître sous forme d’âne. — Dans le second, un roi, sur le conseil d’un vieux fakir, remet sept mangues à ses sept femmes, dont aucune n"a d’enfant. Tout est mangé par six d’entre elles, et il ne reste à la dernière qu’un noyau, qu’elle avale. Et c’est pour cela que le fils qu’elle met au monde, n’est pas un enfant ordinaire, comme ceux des six autres femmes, mais un enfant ayant ’apparence d’un singe.