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LE SÉRUM QUI TUE



Scène IV

CÉCILE, seule.

CÉCILE : (Elle entre par la porte de droite et s’apercevant que Jacques n’est pas là, fait un geste de surprise). (D’un ton interrogateur) Jacques ?… Jacques ?… (Rien ne répondant, elle se dirige vers la porte gauche, l’ouvre et regarde, puis esquisse un sourire). Ah ! il est dans son laboratoire, après travailler, je suppose. Il est si ardent au travail. Et c’est pour notre amour, pour notre bonheur à tous deux qu’il est si laborieux !… Oh, oui !, je le sais, c’est pour cela ! Ce ne peut être que pour cela ! Il est digne d’admiration, mon Jacques ! C’est un grand homme qui s’est déjà imposé aux scientistes par ses recherches et ses découvertes. Comment pourrais-je ne pas l’aimer quand il est si dévoué et si fidèle. Il est un peu sévère parfois, mais ses travaux l’absorbent tant ! (Elle va s’asseoir sur le divan, d’un pas lent). Oh ! oui !, c’est si bon d’aimer et de se savoir aimée jusqu’au dévouement. Tout ! je serais prête à tout pour lui faire plaisir, à mon Jacques ! (Elle songe et pendant ce temps Jacques revient).


Scène V


JACQUES : (Hypocrite, il va vers sa femme, s’assit à ses côtés, la prend dans ses bras et l’embrasse). Tu sais, petite Cécile, je crois avoir découvert quelque chose de merveilleux !

CÉCILE : — Vrai ! quoi donc ?

JACQUES : — Un sérum qui sera d’un grand aide pour les opérations sur les blessés qui ont perdu beaucoup de sang et pour les opérations sur les personnes très faibles. Ce sérum redouble, triple les forces d’une personne. (Avec un peu d’hésitation). Mais ! je ne suis pas encore bien certain du résultat… Il me faudrait faire l’expérience sur un être humain. Il n’y a aucun danger ! Oh ! non !… Ou il redoublera les forces de la personne sur qui se fera l’expérience, ou il n’agira pas du tout. C’est simple, n’est-ce pas ?

CÉCILE : — Oui, en effet.

JACQUES : (Avec un ton insinuant). Alors j’ai pensé que tu pourrais être ma petite collaboratrice et que c’est sur toi que je ferais ma première expérience. Qu’en pense-tu ? (Et il la regarde anxieusement).

CÉCILE : — Oh ! Jacques ! que je suis heureuse de voir que tu m’aies choisie pour t’aider dans ton œuvre. Je suis prête pour l’expérience quand tu voudras !

JACQUES : — Malheureusement, je n’ai pas de sérum ici. Il est dans mon laboratoire privé, à l’hôpital. J’en apporterai ce soir et nous ferons cette expérience intéressante, ensemble.

CÉCILE : — C’est ça. Je t’attendrai avec impatience pour connaître le résultat.

JACQUES :(Il se lève, elle aussi). Je vais donc partir pour l’hôpital et je reviendrai de bonne heure. (Il prend son chapeau et ses gants). Bonjour !… ma petite collaboratrice ! (Il l’embrasse).

CÉCILE :(Elle lui rend son baiser). Bonjour ! mon savant bien-aimé !… À tantôt ! (Il sort).


Scène VI

CÉCILE, seule.

CÉCILE :(Elle va de nouveau s’asseoir sur le divan et songe, l’air heureuse). Que je suis contente ! Il m’a pris pour sa collaboratrice, je vais contribuer à son œuvre ! Qu’il est bon, qu’il est doux, que c’est divin d’être aimée d’un homme comme lui ! (Elle reprend son livre et commence à lire. Elle a à peine commencé, que la cloche de la porte sonne). Tiens ! Qui ça peut-être. Allons voir ! (Elle sort par la porte double et revient immédiatement, suivie d’Andrée Pusannes).


Scène VII

CÉCILE, ANDRÉE.

CÉCILE : — Ma chère petite Andrée ! Que c’est aimable à toi d’être venue me voir dans ma solitude ! Tu es bien gentille ! Es-tu heureuse ?

ANDREE : — Oh ! oui, Cécile, bien heureuse ! Mon René est si doux, si bon, si aimable. Nous nous marions sous peu, tu sais ?

CÉCILE : — J’en suis heureuse. Je te souhaite qu’il soit aussi bon, aussi fidèle et dévoué pour toi que mon Jacques l’est pour moi !

ANDRÉE :(Regardant Cécile d’un air curieux). Comme ça, tu es heureuse ?

CÉCILE : — Comment pourrait-il en être autrement, puisque Jacques m’aime et que je l’aime.