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les voies de l’amour

moi. Ils étaient partis le matin en voiture ; ils revenaient le soir en tramway. Pauvre petite Andrée, elle paraissait fatiguée, inquiète, inquiète de l’inquiétude qu’elle avait pu causer à ses parents et à moi par son absence prolongée. Elle était partie pour quelques heures et sa promenade avait duré beaucoup plus qu’elle n’aurait désiré. Le matin elle n’avait fait qu’obéir à ses parents qui la suppliaient d’accepter l’invitation de Jean. Comme elle le regrettait maintenant. Un accident à la voiture avait failli lui coûter la vie. Jean, la voyant saine et sauve, avait prolongé volontairement et insidieusement sous différents prétextes cette promenade qu’elle n’avait entreprise que malgré elle. Les réticences de ma chère Andrée et ses gros soupirs auraient dû, dès ce moment, me dessiller les yeux ; mais j’aimais tant mon ami Jean et j’avais tant confiance en son amitié que pas un instant je n’eus la moindre idée des dangers qu’avait courus ma petite amie que j’aimais maintenant plus que tout au monde. Ce n’est que plusieurs années après cette journée que mon Andrée chérie me dévoila la perfidie de Jean. Dès ce moment, si j’avais été plus perspicace, j’aurais pu me douter que la journée ne s’était pas passée sans incident désagréable pour ma chère Andrée, car Jean s’esquiva, ce soir-là, sous prétexte de rejoindre un ami qu’il avait entrevu. Contre ses habitudes, il nous laissa seuls, Andrée et moi.