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les voies de l’amour

« Nous en fûmes heureux tous les deux et nous passâmes ensemble une des plus belles soirées de notre vie. Tout d’abord, et malgré sa fatigue apparente, Andrée me proposa de faire une marche sur la plage presque déserte. Elle avait tant de choses à me dire qu’il lui semblait que, suspendue à mon bras et plus près de moi, elle aurait plus d’éloquence et que l’inspiration lui serait plus propice. La vague houleuse s’était apaisée ; la marée, au reflux, découvrait le beau sable blanc de la plage tout imprégné de sel et de phosphore qui lui donnaient une apparence de poussière de diamant. Une brise douce et fraîche, soufflant de la terre, embaumait l’air des parfums s’exhalant des jardins qui ornaient les environs des hôtels et des cottages. Quelques rares mouettes, dans leur vol attardé, cherchaient encore à apaiser leur appétit vorace à travers la transparence de l’onde. Le crissement du sable marquait la cadence de nos pas. Nous allions lentement, absorbés dans nos pensées, nous croyant absolument seuls sur la plage, attendant anxieusement l’un et l’autre l’aveu qui enflammait nos cœurs, qui brûlait nos lèvres. Tout à coup, Andrée s’arrêta ; elle me saisit le bras de ses deux petites mains potelées, et me regardant de ses beaux grands yeux bleus qui brillaient d’une flamme plus vive que jamais, elle soupira d’une voix toute douce : « Michel ! Michel ! » Nom et accent que je compris plus que je ne les entendis… Pauvre Andrée !